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Bodega Pulenta - Entre altitude et expérimentation

Dernière mise à jour : 20 avr. 2019

Dès notre arrivée à Mendoza, nous avons été accueillis par Flavia, sommelière spécialisée de la région de Mendoza. Elle nous a aidé à planifier notre semaine de visites à la découverte des pépites viticoles de cette région. Plus qu’une entrée en matière, la qualité de la visite, leur philosophie et le cadre nous en ont mis plein la vue, dès le portail de la Bodega Pulenta franchi.


LA BODEGA – LES TERROIRS – INNOVATION – IMPACT SUR L’ENVIRONNEMENT – L ’INFO BONUS DEGUSTATION


 

LA BODEGA (le domaine viticole en espagnol)


Eduardo et Hugo Pulenta sont deux frères passionnés propriétaires de Pulenta Estate depuis 2002. Le premier, œnologue, propose des gammes de vin respectueuses des terroirs de sa région qui font le style de sa maison. Le second, passionné de voitures de courses, conçoit des bouteilles pour des évènements inédits, à l’image de la soirée d’inauguration de la Porsche Macan. Les deux frères ont hérité ce domaine de leur père et grand père, originaire d’Italie, ils le font grandir en gardant leur esprit familial, en respectant un juste équilibre entre tradition et innovation.


Pulenta Estate fait partie des petites bodegas de la région de Mendoza malgré ses 600 000 litres de production annuelle. Pour nous européens, un tel volume de production semble démesuré. Pourtant, cela n’est rien à côté des mastodontes argentins ou chiliens comme Trapiche, Catena Zapata et Alma Viva…


Vue de la salle de dégustation sur le volcan Tupungato, Cordillère des Andes.

 

LE TERROIR CHEZ PULENTA



Carte de la région de Mendoza, Argentine

Pulenta Estate bénéficie de terroirs de production distincts qui s’expriment dans leurs vins. Le style et la philosophie de Pulenta Estate se reconnaissent à travers le respect du terroir dans la culture et la vinification. C’est le choix d’une politique la moins interventionniste possible à la cave pour laisser s’exprimer les différences de la vigne.

La culture du raisin s’étend sur 135ha à Agrelo (sud de Lujan de Cuyo), 980m d’altitude, et sur 400ha dans la vallée de Uco à des altitudes comprises entre 1200 et 1270m. Avec 320 jours d’ensoleillement par an, une pluviométrie de 200 mm/an à 400mm/an dans la vallée de Uco, des sols calcaires ou argilo-calcaires, les vins produits mettent en avant les spécificités de ces terroirs. Sans parler des orientations des parcelles, des cépages plantés, des pentes, des vents et de l’influence des Andes.


Comparaison des terroirs de la Valle de Uco et d'Agrelo

 

INNOVATION


Au cœur du chai, dans un espace réservé à l’expérimentation et la micro-vinification, on y teste d’année en année les innovations des deux frères ou de Javier, l’œnologue en chef. Cette année, les essais portent sur l’adaptation des cépages à l’altitude, une de leurs préoccupations en vue d’une adaptation au changement climatique. Dans chaque micro-cuve, chaque même cépage est vendangé à la même maturité et vinifié suivant les mêmes conditions. La seule différence réside dans l’altitude des vignobles. Dans ces expérimentations, les volumes sont réduits et les vins constituent alors la gamme premium de Pulenta Estate qui sort parfois en série de 300 bouteilles seulement ! Cela a permis de comprendre que les vins d’altitude étaient plus acides et plus concentrés, cela serait du à une photosynthèse plus forte (donc plus d’anthocyanes et de tanins). Des températures plus faibles et des nuits très fraîches en altitude permettent d’obtenir des vins moins riches en alcool également.

Par ailleurs, Javier vient de lancer une nouvelle expérimentation sur les terres d’Agrelo. Après avoir sélectionné les meilleurs malbec, cabernet Franc, sémillon, chardonnay de la vallée de Uco, il a cloné les meilleurs pieds et les a plantés à Agrelo, autour de la propriété. Il souhaite tester l’effet du terroir sur ces cépages pour les planter en plus grande quantité au meilleur emplacement dans quelques années… Rendez-vous dans 10 ans pour les résultats.


Plus d’info ? Interview de l'oenologue Javier à venir...


Espace du chai spécifiquement dédié aux micro vinifications

 

REDUCTION DE L’EMPREINTE ENVIRONNEMENTALE


Production et limitation de l’impact sur l’environnement vont de pair à la bodega Pulenta. Les vendanges sont uniquement faites à la main. La gravité est utilisée entre les trois bâtiments de vinification, un minimum de pompe est utilisé pendant le processus de vinification. Les cuves en béton enterrées permettent de conserver une température comprise entre 16 et 18°C sans consommation d’énergie supplémentaire. Un vrai plus dans la prise de conscience pour mettre en avant son terroir.


 

Barriques françaises utilisées pour l'élevage des vins

L’INFO EN PLUSDes barriques françaises


Après les étapes de fermentation et de stockage, tous les vins rouges sont mis en cave dans des barriques en chêne français. Le chêne français est celui qui a été choisi car il présente les meilleures caractéristiques : les pores sont de très petite taille pour une oxygénation lente et les bois français ont une élégance que l’on ne retrouve pas dans des barriques de chênes américains ou russes par exemple. Les barriques sont utilisées en moyenne pendant trois vinifications : le gran Pulenta, pendant 18 mois puis pour le Reserve Pulenta pendant 12 mois et enfin pour la gamme d’entrée La Flor pendant 6 mois.



 




DEGUSTATION


En pleine dégustation

Une dégustation du dur labeur familial pour terminer une telle visite, que rêver de plus ? L’œnologue de Pulenta nous a proposé de découvrir les cépages emblématiques de sa bodega : le malbec, le cabernet franc et le cabernet sauvignon. Trois cépages sur un terroir unique, celui d’Agrelo. L’expression des trois cépages génétiquement proches, nous ont bluffé par leurs diversités et différences. Agrelo est marqué par des caractéristiques fortes ; le soleil y tient place plus de 320 jours par an, sur un plateau sec perché à 980m au-dessus du niveau de la mer. Il faut noter que la viticulture n’est possible dans cette région aride, accolée aux pieds de l’imposante cordillère des Andes et de l’Aconcagua, uniquement grâce à l’irrigation (nous aurons l’occasion d’aborder plus précisément ce sujet complexe prochainement). Si important à Pulenta, tant aux yeux des deux frères qu’à ceux de leur œnologue Javier, le sol est diversifié comme rarement sur une exploitation. Les trois vins que nous avons goûtés proviennent tous des terres d’Agrelo où se mêlent agrile et calcaire dans les sols.

Gran Cabernet Sauvignon 2015

Une robe rubis éclatante qui donne envie de débuter la dégustation. Le bois et son odeur toastée sont immanquables au premier nez mais laissent très vite place aux arômes primaires de mûres des bois et de violette intensément présente. En bouche, l’équilibre fruité, tannique et relevé à la fin est sublime. Le seul danger : très facile à boire malgré ces 14,5% d’alcool.

Gran Malbec 2015

Le cépage symbolique d’Argentine, d’une robe plus noire mais d’un fruit rouge intense dès le premier nez (presque caricatural). On finit sur une belle note mentholée. En bouche, la structure du malbec est remarquablement fondue entre une acidité subtile et une belle longueur en bouche. Ce vin appelle la faim.

Gran Cabernet Franc 2015

Une couleur rouge marronné surprenante pour un vin si jeune. La complexité aromatique sans précédent, cerise, poivre, eucalyptus, roquette précédent le café et le chocolat en bouche. En bouche, cette complexité reste et se complète avec des tanins élégants, une structure et une longueur parfaite. Notre préféré de loin, la meilleure expression du terroir d’Agrelo.

Ces vins ont été amenés à laisser les cépages s’exprimer à travers le terroir, probablement grâce à la surveillance d’avant vendanges de toute l’équipe et à leur philosophie peu interventionniste en cave. Le seul point négatif de ces vins réside dans leur absence totale en France. Mais cela ne devrait pas durer !

Ce premier pas dans 1 vignoble argentin a été marqué par une âme familiale de ce domaine qui, malgré d’importants moyens, ne cherche pas la splendeur et le gigantisme mais favorise l’humain et la recherche de la qualité des vins avant tout. En revanche, la question de la disponibilité en eau en réponse à la diminution des réserves dans la cordillère n’a pas eu d’écho chez eux.

Il s’agit d’une superbe entrée en matière dans deux des plus beaux terroirs de Mendoza et dans la découverte du malbec, véritable emblème local. Ce n’est que le début, à très vite pour de nouvelles aventures et découvertes !


Cuves en ciment pour une régulation thermique facilitée



 

Terroir : pour comprendre se terme complexe, il est préférable de nommer ses principales composantes : sol, microclimat, orientation et pente de la parcelle, environnement naturel (arbres, talus, faune et flore) et construit (muret, haie, terrasse), pratiques culturales, levures du raisin, œnologue, et bien d’autres encore. Ses éléments en interaction les uns avec les autres caractérisent un terroir.


Les arômes : on distingue trois types d’arômes.

Aromes primaires : viennent du raisin, propre au terroir et au cépage

Aromes secondaires : viennent de la vinification, des levures et microorganismes

Aromes tertiaires : viennent de l’élevage, en barrique, en bouteille, en cave…


Sol argilo calcaire : il faudrait des heures pour expliquer les sols et leur complexité. Pour faire très (très) simple, l’argile est une roche très fine qui procure au sol des facultés importantes de rétention d’eau. Le calcaire (ici marin) est une roche composé de carbonate de calcium, qui est plus poreuse. Elle retient un peu d’eau mais la rend facilement disponible pour la plante. L’argile donne souvent des vins colorés et plutôt forts. Quand au calcaire, il est plus synonyme de finesse, longueur et rondeur dans les vins.

Polyphénols, anthocyanes et tanins

C’est une classe de molécule très présente et importante dans le vin. On peut retenir les anthocyanes présents dans la peau des raisins noirs et de rares fois dans la pulpe. Elles sont responsables de la couleur des vins rouges (plus la concentration est élevée plus la concentration est rouge). Les tanins présents dans les pépins et la peau des raisins sont responsables de l’amertume et de l’astringence.

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